13 ottobre 2010

À la mode de Bouvard et Pécuchet

Syntaxe: Studia come le parole si combinano fra loro quando si uniscono per produrre testi, orali e scritti. Moyenne, diathèse: Mancante in italiano [...]. Attraverso la forma media è [...] possibile, all'interno della coniugazione verbale, indicare una più intensa partecipazione del soggetto all'azione. Finales, propositions: Indicano con quale fine viene compiuta o verso quale obiettivo tende l'azione espressa nella proposizione reggente.
Il s'agit de quelques passages tirés de grammaires italiennes réputées et très répandues. À l'instar de Gustave Flaubert, on les a simplement mis sous la forme qu'ils auraient en tant qu'entrées exemplaires d'un dictionnaire des idées linguistiques reçues, sans les changer d'une virgule et comme échantillon d'un travail qui mériterait bien d'être mené jusqu'au bout.
Les références ne sont pas importantes, ici. L'une grammaire vaut l'autre et même le choix de l'italien, ce n'est qu'un prétexte. Il n'est pas même dit qu'il soit le prétexte le meilleur. Dans les grammaires, toutefois, l'accent ne tombe pas sur la langue mais sur la métalangue. N'importe quelle langue, même l'italien, si déjà soumise au traitement des grammairiens, et l'italien l'a largement été, est donc appropriée à la besogne. En effet, peut-on imaginer une grammaire d'une langue quelconque où une proposition appelée finale n'indique pas con quale fine viene compiuta o verso quale obiettivo tende l'azione espressa nella proposizione reggente?
D'ailleurs, on n'a pas cité ces exemples typiques d'une prose grammaticale pour les censurer ni pour dire, par rapport à la langue qui leur donne l'occasion d'exister, qu'il s'agit d'affirmations incorrectes ou bien fautives. La grammaire est le missel d'un rite qui se réalise en soi même. Elle n'est pas soumise à la preuve. Sa Stimmung dépasse toute question de correction car, à vrai dire, elle fonde la correction même. Elle est la source de toute pensée grammatically correct.
Vox populi, vox Dei est l'une des deux épigraphes qui introduisent le Dictionnaire des idées reçues et, parmi les voix par lesquelles la civilisation occidentale s'exprime, celles des grammaires et des grammairiens ne manquent pas de "popularité" et, donc, de "divinité". D'où l'hypothèse que, comme on l'a toujours conçue et comme on ne peut que la concevoir, la grammaire n'est à vrai dire qu'un dictionnaire déguisé: un dictionnaire d'idées reçues. L'hypothèse pourrait peut-être contribuer à éclaircir quelques aspects d'un mystère véritable: l'inefficacité de la linguistique. Contre la grammaire, fatras d'indéracinables idées reçues, les efforts de toute intelligence raisonnable sont vains. Deux siècles de linguistique prétendue scientifique le démontrent de manière irréfutable et, d'ailleurs, Ferdinand de Saussure l'avait bien prévu.
À l'Université de Montpellier, début 2011, avec toute la gravité nécessaire, un synédrion de grammairiens francophones va se poser la question "comment peut-on écrire une grammaire?" "Mais à la mode de Bouvard et Pécuchet - c'est la réponse que Apollonio, d'un esprit solidaire et fraternel, veut leur proposer, en tant que modeste suggestion -. Sous des formes toujours variées, ne l'avez-vous pas fait jusqu'à présent? Soyez tranquilles, chers et aimables collègues: vous continuerez à le faire".

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